Par Gabriel Piuze-Bourgeois (Emploi d’été Canada)

Historiquement, la psychologie s’est davantage intéressée à ce qui ne va pas chez les gens, notamment dans l’étude des troubles de santé mentale. Ce champ d’étude est bien évidemment essentiel afin d’aider les gens qui vivent des moments difficiles, toutefois est-ce que cela correspond à l’entièreté de l’expérience humaine? Le courant de la psychologie positive se démarque de cette pensée en plaidant qu’il est tout aussi important de s’intéresser à ce qui va bien chez les gens qu’à ce qui va mal. Et ainsi, tentant de se distinguer du modèle des troubles de santé mentale qui représentent ce qui va mal chez certaines personnes, Christopher Peterson et Martin Seligman ont pris l’initiative de faire la recension de caractéristiques représentant l’humain à son meilleur. C’est ainsi qu’ils ont pu faire la recension de 24 forces qui étaient reconnues et valorisées à travers les cultures et les âges.

Qu’est-ce qu’une force?

Selon le courant de la psychologie positive, une force représente le meilleur en soi. Ce sont des caractéristiques que nous utilisons, que ce soit de façon consciente ou non, qui peuvent amener un sentiment de bien-être et d’accomplissement. Certaines personnes peuvent trouver difficile d’identifier leurs forces, cependant tout le monde en a. Il est possible d’établir ses forces soit à partir d’un test psychologique ou de la réflexion sur soi. Alors que la réflexion sur soi offre l’avantage de donner des réponses qui semblent plus authentiques, les tests psychologiques permettent d’explorer certaines parties de soi qui peuvent nous être invisibles. Ainsi, les deux méthodes ont leurs avantages spécifiques. Un lien vers un test gratuit sera inclus dans les sources de cet article.

Les forces principales

En continuant, lors de l’évaluation de son profil de force, on souligne généralement les cinq premières forces comme étant ses forces principales (signature strenghts). Ce sont les forces qui peuvent sembler plus naturelles à utiliser et qui permettent de se sentir bien. Il existe trois critères pouvant aider à identifier si une force est une de nos forces principales :

1. Elle est authentique : on sent que l’on est vraiment soi en utilisant cette force. Par exemple, un·e activiste pour une cause sociale pourrait plaider que la valeur de l’égalité pour tous est absolument essentielle pour elle. Ce pourrait alors être un exemple de la force de l’équité.
2. Elle est énergisante : utiliser certaines forces peut prendre beaucoup d’énergie. Toutefois, l’utilisation d’une de nos forces principales peut inversement nous donner de l’énergie. Par exemple, une personne ayant la force de l’appréciation de la beauté peut tirer de l’énergie du fait qu’elle sorte dehors.
3. Elle vient d’une motivation interne : cela fait référence à l’utilisation d’une force de son propre chef sans être motivé·e par une récompense extérieure. Par exemple, une personne peut utiliser la force de la prudence simplement pour ne pas se faire réprimander par son·sa conjoint·e, toutefois une personne ayant la prudence comme force principale l’exercera parce qu’elle le veut elle-même.

En pratique

La même force peut se manifester différemment d’une personne à l’autre. Par exemple, alors qu’un·e pompier·ère utilise vraisemblablement la force de la bravoure lors de son travail, une autre personne peut aussi être brave lorsqu’elle parle en public. Pour ce faire, la seule personne qui puisse déterminer comment utiliser une force est celle qui la possède. Toutefois, il est possible de faire certaines recommandations concernant la bonne application des forces sans nécessairement dicter la façon de les utiliser. En voici quelques-unes :

• Être conscient du contexte : certains moments sont moins appropriés pour utiliser nos forces. Par exemple, il n’est généralement pas approprié d’utiliser l’humour lors de funérailles, même si l’humour est une forte tendance en soi.
• Rester conscient.e des besoins des autres : il est important de demeurer attentif·ve aux réactions des autres afin de moduler nos propres réactions et mobiliser les forces appropriées selon le contexte.
• Les utiliser avec balance : il faut faire attention à utiliser les forces avec sagesse et balance. Il est possible de trop utiliser certaines forces ou de ne pas les utiliser assez.
• Rester bienveillante avec soi : il se peut également que certaines personnes présentent des forces que nous envions faisant en sorte qu’on se déprécie soit même en se disant des choses comme «je devrais pouvoir présenter ce trait aussi». Dans ces moments, il peut être important de se rappeler de ses propres forces pour entrer à nouveau en contact avec ce que l’on est à son meilleur.

Références

Texte basé sur : Seligman, M. E. P., Pawelski, J., Robertson-Kraft, C., Duckworth, A. et Reivich, K. (2019). Positive Psychology: Well-being for life. Master strategies and tools that enable individuals and organizations to thrive. Coursera. https://www.coursera.org/specializations/positivepsychology

Lien vers un test psychologique mesurant les forces : http://www.viacharacter.org/www/Character-Strengths-Survey